Le
ghetto de Varsovie fut le plus important
Ghetto juif de la Seconde Guerre mondiale. Situé au centre de
Varsovie, il fut créé en
1940 et pratiquement détruit en mai
1943 après l'insurrection de ses occupants contre les
nazis.
Prélude
En
Septembre 1939, l'armée allemande attaque puis occupe la
Pologne. Dès octobre, les premiers ghettos sont créés pour y rassembler les
Juifs. Celui de Varsovie a rassemblé jusqu'à 380 000 personnes (en 1939, il y avait 1.300.000 habitants à Varsovie dont 380 000 Juifs). La ville est prise par l'armée allemande dès le début de la guerre le 30 septembre 1939. Hitler lui-même vient parader dans Varsovie le 5 octobre 1939. Dès l'hiver 1939-1940, les nazis commencent à persécuter les Juifs : obligation de porter un brassard avec l'étoile de David, identification des magasins juifs sur leurs vitrines, obligation de rendre les radios, interdiction de voyager en train (novembre 1939).
Bientôt, on rassemble les Juifs de Pologne dans des quartiers fermés: les ghettos. Il y a d'abord un ghetto à Lublin et un à Łódź. Le ghetto de Varsovie est créé le 12 octobre 1940 (jour de la fête juive de Yom Kippour). Puis il y a aussi le ghetto de Cracovie, le ghetto de Częstochowa, le ghetto de Kielce, et le ghetto de Lwów. Ces ghettos ne sont en fait que l'antichambre des camps de la mort.
Situation
Le ghetto est formé par le centre de la ville de Varsovie. Le ghetto est initialement composé de deux parties, le grand ghetto relié au petit ghetto par un pont en bois. Il est entouré sur 18 kilomètres de murs de plusieurs mètres de haut avec du fil barbelé.
Organisation
La gestion du ghetto est déléguée au « conseil juif » (
Judenrat) par les occupants. Ces mêmes occupants emploient la main-d'oeuvre du ghetto pour les besoins de l'armée et implantent de nombreux ateliers et usines dans le quartier juif. La
Jüdisher Ordnungsdienst, ou police juive est chargée de maintenir l'ordre.
Dans le ghetto
Les conditions de vie dans ce ghetto étaient inhumaines. D'abord, il est trop petit pour accueillir tous les Juifs de Varsovie et des villages environnants. Beaucoup ont tout perdu (leurs familles et/ou leurs biens) en arrivant dans ce quartier fermé. Et puis, il est mal, ou presque pas approvisionné en nourriture et combustible. Dès l'hiver 1940-1941, la faim et le froid se font ressentir. Nombreux sont alors ceux qui organisent de petits trafics avec l'extérieur. Certains de ces trafiquants y laisseront parfois leur vie en essayant d'apporter de la nourriture dans le ghetto.
Mais malgré cela, la mort est courante. Il n'est pas rare de retrouver des cadavres en pleine rue. Une charrette passe alors ramasser les corps, qui sont comptés puis enterrés dans une fosse commune.
La déportation
En été 1942 commence le "repeuplement vers l'est", qui n'est en fait que la déportation vers le camp de
Treblinka, qui n'est situé qu'à quelque 80 kilomètres de Varsovie.
La première vague de déportations vers les camps de la mort ramène la population du ghetto à 70 000 habitants. Les rafles se font de jour comme de nuit, aussi bien dans les habitations que dans les usines, où il est plus facile d'arrêter les Juifs. Ceux-ci sont ensuite conduits vers la Umschlagplatz.
Insurrection
Article détaillé : .Le soulèvement a commencé le 19 avril 1943, déclenché par 400 insurgés de ŻZW (Union Militaire Juive) conduits par Dawid Moryc Apfelbaum et Paweł Frenkel et environ 40 combattants de la ŻOB (Organisation juive de combat) sous les ordres de Mordechaj Anielewicz. Durant les combats environ 7 000 résidents du ghetto ont été tués, 6 000 ont été brûlés vifs ou gazés durant la destruction totale du quartier, les Allemands déportèrent les survivants dans le Camp d'extermination de Treblinka et les camps de travail de Poniatowa, de Trawniki et de Majdanek.
L'impact psychologique de l'insurrection du ghetto de Varsovie a été très importante. La résistance a été plus forte que prévue par les Allemands, même si l'issue était certaine vu le déséquilibre des forces - My nie chcemy ratować życia. Żaden z nas żywy z tego nie wyjdzie. My chcemy ratować ludzką godność (Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver la dignité humaine) - Arie Wilner (pseudo Jurek) soldat de la ŻOB.
Mémoire du monde
Depuis
1999, les archives du Ghetto de Varsovie ont été classées par l'Unesco sur la
Liste Mémoire du monde, qui recense les documents du patrimoine documentaire d'intérêt universel, dans le but d'assurer leur protection.
Voir aussi
Articles connexes
- Insurrection de Varsovie de 1944
- Shoah
- Heinz Auerswald, commissaire du ghetto
- Adam Czerniaków, président du Conseil juif du ghetto.
- Mordechaj Anielewicz, l'un des principaux meneurs de l'insurrection.
- Emanuel Ringelblum, historien et archiviste clandestin du ghetto, à la tête du projet Oyneg Shabbos.
- Władysław Szpilman, Le Pianiste, ancien pensionnaire du ghetto, qui assista à l'insurrection de la fenêtre d'un appartement voisin.
- Martin Gray, écrivain, ancien pensionnaire du ghetto.
- Abraham Gancwajch, journaliste, collaborateur juif polonais, fondateur du Groupe 13 qui tenta de saboter l'insurrection.
- Josef Blösche, symbole du nazisme de par son apparition dans l'une des plus célèbres photos de la Seconde Guerre mondiale.
- Liste Mémoire du monde
Bibliographie
- Les carnets d'Adam Czerniakow, éditions La Découverte, 1996
- Entretiens avec le bourreau par Kazimierz Moczarski, Gallimard, 1979
- Ghettos en révolte, Pologne, 1943, par Larissa Cain, Collection Mémoires, Editions Autrement, 2003
- Mémoires du Ghetto de Varsovie par Marek Edelman, Liane Levi, 1993-2002
- Du fonds de l'abîme, Journal du ghetto de Varsovie par Hiller Seldman, Plon, 1998
- Le Pianiste par Władysław Szpilman, Pocket Poche, 2003
- Au nom de tous les miens de Martin Gray en 1971, en collaboration avec Max Gallo ISBN 2-266-12221-5
- Emanuel Ringelblum, Chronique du ghetto de Varsovie. Janvier 1940-décembre 1942, Paris, Robert Laffont, 1978, 372p.
- La dernière gare, Umschlagplatz par Jaroslaw Marek Rymkiewicz, chez Robert Laffont 1989 ISBN 2-266-12221-5,
- Chroniques du désastre - Témoignages par Nathan Weinstock, chez Metropolis ISBN 2-88340-095-4.
- La force du bien par Marek Halter, chez Pocket ISBN 2-266-08700-2.
Filmographie
Liens externes